Les nuages de cendres volcaniques décrédibilisent le modèle low cost
Et si l'avenir du modèle low cost était remis en cause par un volcan islandais ? Pour éviter de dépenser des dépenses jugées excessives, les compagnies aériennes low cost préfèrent ne pas faire voler leurs avions. Derrière le "principe de précaution" ou "principe de sécurité" se cache le "principe de radinerie". L'article de TF1 reproduit ci-dessous revient sur le sujet :
"Réputées pour être très regardantes sur leurs coûts de fonctionnement, les compagnies low cost ont pourtant l'annulation facile. Le nuage de cendres cloue périodiquement les avions au sol mais RyanAir et EasyJet suppriment des vols alors qu'elles ont l'autorisation de voler, ce que ne font pas les compagnies traditionnelles.
A Nice, plusieurs vols ont ainsi été supprimés le week-end dernier, après des premières annulations dans les aéroports suisses. La raison : décoller, même avec le plein de voyageurs, n'est pas rentable dans les conditions imposées par l'éruption volcanique. "Bien avant le nuage, explique Arnaud de Blaw rédacteur en chef adjoint du magazine UFC-Que Choisir, on avait des retours de problèmes, avec Easyjet notamment. Ces compagnies annulent rapidement car cela désorganise leur rotation de vols. Plutôt que d'avoir à prendre en charge les passagers, ils préfèrent tuer le problème dans l'œuf."
Voici l'explication : la rentabilité d'une compagnie low cost dépend surtout de son temps de rotation sur une destination. Contrairement aux transporteurs traditionnels, qui utilisent souvent le même appareil pour un trajet aller-retour, les low-cost pratiquent des rotations en étoile, pouvant passer par exemple de Marseille à Budapest puis Londres. Le moindre problème sur une étape du trafic peut se révéler "fatal" sur toute la rotation :"S'ils envoient un avion dans un aéroport qui reste ensuite bloqué alors que ce n'est pas son bout de ligne, c'est dramatique pour eux en terme d'utilisation de moyens", explique Didier Bréchemier, consultant chez Roland Berger, cabinet de conseil en stratégie. Avec ces annulations en cascade, un avion cloué au sol peut coûter jusqu'à 4.000 euros de l'heure. Les low cost préféreraient donc supprimer des vols, ce qui leur coûte moins cher qu'un avion bloqué. Qui plus est, elles desservent souvent des petits aéroports dont les capacités de parking restreintes les exposent beaucoup plus aux risques de désorganisation.
Les limites d'un modèle
Ces compagnies nient pourtant une logique purement comptable. "La décision d'annuler ses vols n'est pas motivée par raisons économiques", explique Easyjet, qui affirme avoir suivi les recommandations d'Eurocontrol, l'Organisation européenne de la navigation aérienne, pour justifier ces annulations. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC), qui elle-seule est chargée de la sécurité du ciel français, avait pourtant maintenu l'espace aérien ouvert le week-end dernier ou plusieurs vols de compagnie low cost ont été annulé. Air France, elle, n'a supprimé aucun vol dimanche.
" Cette histoire de nuage a montré les limites du modèle des low-cost", explique une source aéroportuaire. Contrairement à ses confrères discount qui préféreront attendre que les aéroports puissent garantir une efficacité optimale, un "grand" transporteur n'a pas les mêmes considérations. En termes de coûts globaux, maintenir le plus grand nombre possible de vols est plus rentable pour une compagnie traditionnelle, qu'un déroutage vers des aéroports bien équipés n'effraie pas. Les grandes compagnies marquent donc un point. En plus d'un plateau repas avec un rince-doigt qui sent bon le citron, elles ont permis parfois de sauver vos vacances."